Lettre d'information sur les pêches n°133 (Septembre-Décembre 2010)

Éditorial

Comme c’est souvent le cas dans le monde de la pêche, les sujets évoqués dans la présente Lettre d’information peuvent susciter des sentiments mélangés : une certaine appréhension, à la lecture des articles d’Anouk Ride et de Giff Johnson qui mettent en avant que les décisions se font attendre sur des questions critiques telles que la surpêche du thon obèse et du thon jaune alors même que les scientifiques tirent clairement la sonnette d’alarme ; de la peur, en découvrant le récit très émouvant d’un Océanien employé comme membre d’équipage à bord d’un navire de pêche étranger ; ou encore de l’espoir, grâce aux bonnes nouvelles qui nous parviennent du secteur aquacole, notamment de Fidji où des villageois ont récolté leurs premiers chanidés d’élevage ; de Tahiti où s’est tenue avec succès une conférence sur l’aquaculture; et de Nouvelle-Calédonie où un avenir un peu plus radieux semble promis à la crevetticulture.

Comme à l’accoutumée, vous retrouverez dans ce numéro des articles écrits spécifiquement pour la Lettre d’information sur les pêches. Bob Gillett nous présente une brève étude qu’il a réalisée sur les centres de pêche en Océanie. Il dresse la liste des enseignements tirés des précédentes expériences en la matière et dont il faut tenir compte pour planifier la mise en place de nouveaux centres de pêche. Émilie Fernandez et Valérie Allain décrivent leur étude sur la présence de proies récifales dans le régime alimentaire des thonidés. Vous serez étonnés d’apprendre que les espèces récifales représentent près de 17 % en moyenne des aliments consommés par les thons, proportion qui peut atteindre jusqu’à 60 % dans certaines régions. Enfin, Éric Clua pèse le pour et le contre du nourrissage des requins dans le secteur de l’écotourisme. À Moorea (Polynésie française), il a été calculé qu’un requin citron rapporte à l’île 2,3 millions de dollars É.-U. de recettes tout au long de ses vingt années d’existence. Ces chiffres sont sans doute une invitation au développement de ce type d’activité, mais comme le montre Clua, cela comporte des risques pour les populations locales de requins et il convient de trouver un juste équilibre.

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