Lettre d'information sur les pêches n°136 (Septembre-Décembre 2011)

Éditorial

Les avis sont partagés sur les dispositifs de concentration de poissons (DCP) : pour les uns, ils constituent un outil porteur d’espoir pour les pêcheurs exploitant les eaux côtières, alors que pour les autres, ils risquent de sonner le glas des stocks de thonidés. En réalité, il se peut qu’aucun des deux camps n’ait tout à fait tort, puisqu’ils font chacun référence à des types de DCP très différents : les DCP utilisés pour la pêche artisanale (à petite échelle) et ceux employés pour la pêche industrielle.

Les DCP employés par les pêcheries artisanales sont ancrés non loin du littoral afin de permettre aux pêcheurs de capturer des espèces hauturières telles que les thons, le mahi-mahi, le thazard du large et le coureur arc-en-ciel. De cette manière, les populations locales ont accès à une source de nourriture supplémentaire et les pêcheurs peuvent relâcher la pression sur les ressources récifales en déclin.

Les DCP employés pour la pêche industrielle sont des radeaux dérivants largués par les senneurs dans le but de concentrer des bancs de bonites et de thonidés variés, et d’assurer la viabilité commerciale de leur activité. Toutefois, cette pratique entraîne également la capture de volumes considérables d’espèces non ciblées, comme les requins soyeux et les juvéniles de thon obèse, déjà victimes de surpêche par ailleurs (voir le premier article de ce numéro). À l’inverse, les petits pêcheurs, qui utilisent des hameçons et des lignes autour des DCP côtiers, sont en mesure de limiter leurs prises aux espèces ciblées.

En novembre 2011, une conférence sur le thème des DCP a réuni quelque 150 participants à Tahiti : preuve de l’intérêt que suscite ce dossier. Dans le présent bulletin, on pourra découvrir la synthèse des débats de cet aréopage de spécialistes, ainsi que leurs conclusions et une liste des priorités en matière de recherche et de gestion dans le domaine des DCP.

Dans un autre article de fond, Mark Skinner et ses collaborateurs présentent les résultats de leur étude sur la fréquence des cas d’intoxication ciguatérique en Océanie. Vous serez sans doute tout aussi surpris que moi d’apprendre que le nombre total de cas avoisine sans doute le demi-million pour les 35 dernières années. Les auteurs espèrent que cette statistique incitera les décideurs à se pencher de plus près sur ce dossier.