Lettre d'information sur les pêches n°143 (Janvier-Avril 2014)

Éditorial

Depuis 2010, le nombre d’observateurs de la pêche thonière en activité chaque année en Océanie se maintient largement au-dessus de la barre des 400 et continue même à progresser (voir l'article de Tim Lawson et al. pdf: 355 KB). Il faut y voir la conséquence directe de la Mesure de conservation et de gestion 2008-01 promulguée par la Commission des pêches du Pacifique occidental et central, préconisant la présence d’observateurs sur 100 % des senneurs opérant dans la région. On pourrait être tenté de penser qu’il suffit, pour atteindre cet objectif, de recruter un nombre suffisant de personnes sachant à peu près à quoi ressemble un poisson et de les envoyer participer à des campagnes de pêche pour noter consciencieusement tout ce qui se passe à bord. Enfantin, non ?

On ne sera pas surpris d’apprendre que la réalité est tout autre. Il ne suffit bien évidemment pas de « s’y connaître un peu en poissons » quand on est appelé à distinguer des dizaines d’espèces différentes, dont certaines se ressemblent fort. En outre, une campagne de pêche n’a rien d’une partie de plaisir : elle peut durer plusieurs semaines dans des conditions difficiles et inconfortables, aux côtés d’un équipage qui n’est pas toujours ravi de se sentir observé et qui ne parle pas forcément la même langue que l’observateur. Par ailleurs, l’exactitude des données étant le fondement même de toute bonne gestion des ressources halieutiques, la qualité des informations fournies par des observateurs totalement indépendants des entreprises de pêche est fondamentale pour vérifier la qualité et la précision des données communiquées par ces dernières.

Pour sélectionner de bons éléments, les former pour en faire des observateurs qualifiés, vérifier la qualité des données recueillies en mer, et organiser le travail des observateurs tant à l’échelon national que régional, il faut pouvoir s’appuyer sur des professionnels. L’éventail de qualifications requises offre aux jeunes Océaniens un véritable parcours professionnel à long terme (observateur, chargé du débriefing, formateur, coordinateur national/régional), une chance que nombre d’entre eux ont déjà su saisir à bras-le-corps.

Aymeric Desurmont
Spécialiste de l'information halieutique