Lettre d'information sur les pêches n°144 (Mai-Août 2014)

Éditorial

La table des matières du présent numéro est à l’image du secteur des pêches, où espoir et inquiétude se côtoient. La plupart des articles sont porteurs d’espoir et traitent de problématiques en lien avec le développement, leur titre comprenant des mots tels que « nouveau », « améliorée », « prometteur », « créer », « succès » et « projet ». Cependant, les termes présents dans d’autres titres – « brûler », « carton jaune », « microplastiques » et « sujets brûlants » notamment – nous rappellent que tout n’est pas rose.

Les articles en question témoignent de la difficulté à laquelle les organismes publics et les entités spécialistes des questions halieutiques sont constamment confrontés : trouver le juste équilibre entre gestion et développement.

En Océanie, toutes les principales pêcheries sont d’ores et déjà exploitées, voire surexploitées dans certains cas. Quelques pêcheries mineures (par ex. les poissons d’aquariophilie, les espèces pélagiques côtières et le calmar géant) offrent un potentiel de développement limité, et l’aquaculture a très certainement de l’avenir. Néanmoins, toute la production issue de ces activités ne saurait compenser le déclin des pêches côtières engendré par l’absence de gestion efficace. En d’autres termes, si la gestion n’est pas érigée en priorité, il se peut que les efforts de développement consentis soient à peine plus utiles qu’un emplâtre sur une jambe de bois.

Dans le dernier article du présent numéro, Robert Gillett écrit : « Bien souvent, le plus difficile en matière de gestion halieutique consiste à instaurer des mesures de contrôle efficaces permettant d’éviter la dégradation des ressources ». Il précise que, afin d’éviter une gestion restrictive pourtant nécessaire, le recours à des méthodes de substitution est fréquent. Il est intéressant de noter qu’il qualifie ces méthodes « d’expédients » qu’il classe parmi les sujets brûlants de la pêche côtière en Océanie.

Développement ou gestion, développement et gestion ? Pour les pêcheries du Pacifique, il est aujourd’hui impératif que la question du développement ne puisse plus être abordée que dans le cadre strict de la gestion.

Aymeric Desurmont
Spécialiste de l'information halieutique