Lettre d'information sur les pêches n°160 (Septembre–Décembre 2019)

Éditorial

Les dispositifs de concentration de poissons ancrés, qui facilitent l’accès des petits pêcheurs aux poissons du large tels que le thon, sont considérés, en Océanie, comme l’un des outils de pêche les plus prometteurs. Ces DCP permettent de compenser en partie la diminution des ressources en poissons de récif et de répondre aux besoins croissants en protéines associés à une population humaine en pleine croissance. Mais, comme l’explique William Sokimi dans son article, si les DCP ancrés doivent devenir une composante essentielle des moyens de subsistance des pêcheurs et des communautés côtières, les gouvernements doivent mettre en oeuvre, sur le long terme, des programmes DCP soutenus par un financement stable et récurrent, un personnel spécialisé, et stocker du matériel de rechange pour remplacer les DCP perdus.

Les quelques centaines de DCP ancrés dans le Pacifique sont supposés avoir un faible impact sur les ressources côtières et l’environnement, mais les 30 000 à 65 000 DCP dérivants (DCPd) déployés chaque année dans l’océan Pacifique occidental et central par la pêche thonière industrielle suscitent des préoccupations d’une autre ampleur (voir l’article de Lauriane Escalle et al.). Sachant qu’une grande partie de ces DCPd sont perdus en mer, il est facile d’imaginer leur impact sur les écosystèmes, soit en mer où ils peuvent piéger des espèces protégées comme les tortues ou les requins, soit sur terre où ils peuvent endommager les récifs et les écosystèmes associés lorsqu’ils sont échoués. Plusieurs options de gestion sont envisagées, notamment une limitation supplémentaire du nombre de DCPd utilisés par chaque navire, l’utilisation de matériaux biodégradables et la récupération des DCPd en mer avant qu’ils ne soient perdus ou échoués.

Les DCP ne sont bien sûr pas le seul sujet abordé dans ce numéro, qui vous emmènera en haute mer, aux Samoa américaines, aux Fidji, à Kiribati, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, aux Samoa, aux îles Salomon et aux Tonga, pour parler d’aquaculture, de marquage du thon, de conservation des récifs... et même d’espionnage ! Bonne lecture.

Aymeric Desurmont
Spécialiste de l'information halieutique