Collecter des informations essentielles à l’étude de plusieurs espèces de thons dans le Pacifique occidental et central et à la compréhension de leur écologie
Il est indispensable de comprendre l’état et les déplacements des stocks de thons tropicaux de la région pour mieux gérer cette précieuse ressource. Les études recourant au marquage sont courantes dans la recherche halieutique et visent à améliorer les estimations de la taille, de la mortalité, des déplacements (structure spatiale des stocks) et de la croissance de la population. L’objectif global de ces études est de créer un sous-groupe « expérimental » d’individus numérotés pouvant ensuite être suivis et intégrés à un modèle par la suite lorsqu’ils sont repêchés.
Dans le Pacifique occidental et central, les campagnes de marquage-recapture font partie intégrante du suivi des stocks de thons depuis la fin des années 1970. Les données provenant de campagnes de marquage sont incluses dans des évaluations de stocks depuis les années 1980 et dans des analyses intégrées depuis les années 1990. Des campagnes expérimentales de marquage font désormais partie des travaux menés par la Commission des pêches du Pacifique occidental et central (WCPFC) et sont menées chaque année depuis 2006 au titre du (Programme océanien de marquage des thons). Ce programme a permis de marquer près d’un demi-million d’individus dans toute la région pour faciliter le suivi de l’état de la plus grande réserve thonière au monde. Cet effort de grande ampleur aide à maintenir les stocks de thons tropicaux régionaux sains et viables, ce qui profite à toutes les nations insulaires du Pacifique et aux autres membres de la WCPFC.
Difficultés relatives au programme de marquage
Santé des poissons
Toutes les espèces de thons tropicaux sont extrêmement actives et doivent nager en permanence pour ne pas manquer d’oxygène. Un poisson capturé accumule immédiatement de l’acide lactique dans son sang, ce qui peut provoquer des dommages irréversibles s’il reste trop longtemps hors de l’eau. La capture et la remise à l’eau de poissons doivent donc se faire avec un minimum de stress et de blessures pour maximiser leurs chances de survie. Par conséquent, pour pouvoir remettre à l’eau un grand nombre (plusieurs centaines par jour) de thons marqués selon une méthode classique, il convient d’utiliser un canneur, qui permet de capturer les poissons un par un, de les marquer et de les remettre à l’eau rapidement et sans danger, en moins de 15 secondes en moyenne.
Navires et logistique
Les distances à parcourir pour marquer les poissons dans les zones de pêche thonière industrielle sont très grandes, la région du Pacifique occidental et central représentant environ 20 % de la surface de la Terre. Dans le même temps, les petits pays insulaires sont souvent uniquement accessibles aux navires à faible tirant d’eau. Ces contraintes imposent l’utilisation de plateformes spéciales qui ne sont pas toujours disponibles. La pêche à la canne nécessite un approvisionnement constant en appâts. Cette ressource n’est pas accessible de façon égale dans tout le Pacifique, et si des espèces utilisées comme appâts peuvent être facilement capturées en grande quantité dans les îles très productives de la Papouasie-Nouvelle-Guinée ou des Îles Salomon, ce n’est pas le cas dans des atolls comme les Îles Marshall ou Kiribati. D’autres méthodes de pêche ont été mises au point pour marquer les poissons dans ces zones à l’aide de navires polyvalents pouvant accueillir différents engins de pêche tels que des palangres, de petites lignes de traîne, des cannes, etc.
Collaboration à l’échelle régionale et savoirs locaux
La mise en œuvre de campagnes expérimentales de marquage de thons dans les eaux des pays membres de la CPS nécessite la délivrance d’autorisations à mener des recherches et une collaboration étroite avec les services des pêches nationaux. Les propriétaires coutumiers des zones que le navire de recherche doit explorer pour capturer des appâts doivent être informés, car ils doivent donner leur autorisation. Il convient de connaître les coutumes et les langues autochtones, ce qui signifie que la collaboration avec des locaux à bord des navires est indispensable à la réussite de la campagne, et offre également des possibilités de formation à la recherche sur les thons.
La communication et la publicité sont essentielles
Des rapports de campagne, des articles sur le marquage et des publications scientifiques sont produits très régulièrement ; ils sont essentiels pour diffuser les informations collectées durant les recherches. La publicité est également fondamentale pour la réussite de tout programme de marquage, car elle influe directement sur les taux de signalement de la récupération des marques rate.